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Aux États-Unis, jusqu’à tout récemment, la plupart des stages offerts par les entreprises aux étudiants n’étaient pas rémunérés. Il eu fallu des années de dénonciation des militants pour forcer les entreprises et organismes à rémunérer les étudiants. Ce que les activistes dénonçaient par le non paiement des stagiaires, ce n’était pas que l’apparente exploitation des étudiants qui travaillaient des mois sans salaire pour acquérir de l’expérience mais plutôt, le fait que cette pratique accentue l’inégalité sociale.
Effectivement, les enfants issus de familles démunies étaient presque incapables de faire des stages car ils avaient besoin d’argent pour payer leur loyer, leur transport et même leurs études. La plupart jonglaient de multiples “petits” boulots payés pour survivre. Les enfants issus des familles aisées cependant eux pouvaient s’offrir ces stages chaque année pour ne pas dire chaque semestre car ils vivaient aux frais de leurs parents et les stages étaient une forme de continuité de leur éducation.
Ce qui en découle est qu’à la fin de leur cursus, un enfant de riche qui a cumulé 4 stages de 6 mois sort avec deux années d’expérience et peut facilement débuter sa carrière dans son domaine car la majorité des post “entry level” exigent deux années d’expérience. Les enfants non riches cependant, bien que diplômés eux seront incapables de trouver de l’emploi car il leur manque aussi bien l’expérience que les références pour leur offrir des lettres de recommendations huileuses.
Plus loin, il leur manque cette chose qui permet à la plus grande majorité de personnes d’avoir des postes extrêmement bien rémunérés et débuter leur carrière d’élite: le réseau. Ils ne connaissent personne ou du moins ceux qu’ils connaissent se cherchent comme eux dans les restaurants, cafés, supermarchés et autres endroits où ils travaillaient et ou leurs diplômes ne servent pas à grand chose.
Ce faux départ malheureusement les poursuivra toute leur vie quand cet enfant aisé qui débute sa carrière entre 22 et 24 ans se retrouvera déjà à 30 ans au management level des fois avec un salaire que les américains appellent 6 figures ( dépassant les 100,000 dollars l’année ) tandis ses camarades qui tout aussi brillants comme lui, parce qu’ils n’ont pas eu la chance de faire de bon stages ne viennent peut être que de décrocher finalement une position de débutant après s’être endetté pour cumuler un ou deux diplômes supplémentaires pour augmenter leurs chances.
Cette disparité les poursuivra à présent toutes leurs vies et pourra même déterminer dans dix à vingt années, l’enfant de qui pourra vivre aisément aux frais de ses parents et acquérir de l’expérience, du réseau et des recommendations dans les plus grandes entreprises ou organismes de la planète.
L’inégalité sociale est si dense, si profonde, si multidimensionnelle qu’elle passe souvent inaperçue. Il faut la tacler à tous les niveaux pour offrir les mêmes chances et opportunités aux uns et autres et pour s’assurer que les gens ne soient pas condamnés à souffrir toute leur vie et de génération en génération parce qu’ils sont nés dans une famille démunie.
Farida Bemba Nabourema
Citoyenne Africaine Désabusée
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