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Faure et ses ministres

Le 31 Juillet dernier, Faure Gnassingbé a finalement décidé de confirmer ses anciens ministres dans un gouvernement dit nouveau suite à la démission de l’ex-premier ministre Gilbert Houngbo. La composition du nouveau gouvernement vieux de par ses ministres qui ont fait des postes ministériels leur métiers, a fait couler beaucoup d’encres et suscité plusieurs remarques; entre autres, on note l’apparition et la disparition miraculeuse de certains ministères de Faure Gnassingbé.

Faure Gnassingbé peut être considéré comme un sieur généreux vis-à-vis de ses fidèles serviteurs et quiconque lui témoigne, servitude, fidélité, et exerce ses tâches avec grand zèle est toujours bien récompensé: le cas de Gilbert Bawara qui retrouva son poste de ministre pour avoir bien fait usage de sa dialectique déséquilibrée afin d’importuner l’opposition, de même que celui du Colonel Damehane Yark grâce à qui le Togo gravit les échelons sur la liste  des pays aux gouvernements les plus tortionnaires du monde.

Le Togo étant petit, et les postes ministériels peu nombreux (bien que trop pour le Togo) que les insatiables serviteurs de Faure Gnassingbé en plus des «belles du prési» (récompensées également par des titres ministériels aux portefeuilles vides), Faure Gnassingbé fera donc preuve de ruse pour accommoder tout le monde. C’est ainsi que le Togo deviendra une usine de fabrication de ministères afin de satisfaire la demande très élevée dans le cercle du «prési».  

En Décembre 2007, Komlan Mally devient premier ministre suite aux élections législatives de 2007 ou le RPT a encore une fois raclé la majorité au parlement de par sa capacité exceptionnelle à magouiller et à frauder. Le gouvernement Mally comptait au total 21 ministres sans compter le premier ministre (Mally) lui-même. De 21 ministres, l’on est merveilleusement passé à 27  dans le gouvernement Houngbo 1 formé le 15 Septembre 2008.  Et pour remercier Mally, Faure Gnassingbé fit de lui un ministre d’état, ministre de la santé  afin que l’ancien patron du gouvernement ne se sente pas trop lésé en devenant un simple ministre. Du gouvernement Houngbo 1 au gouvernment Houngbo 2 qui a été constitué le 28 Mai 2010 suites aux élections  présidentielles magouilleuses de 2010, l’on passa de 27 ministères à 31 afin d’accueillir les Amis de Gilchrist Olympio communément appelés les AGO car en général, quand le régime au pouvoir parle de gouvernement d’union ou de large ouverture, il n’est jamais question de réduire les sièges du pouvoir en place mais d’agrandir le nombre de chaises afin d’accommoder les nouveaux «mangeurs».

Ce qui est intéressant dans tous ces remaniements, c’est la provenance des 6 nouveaux ministères dans le gouvernement Houngbo 1, des 4 nouveaux ministères du gouvernement Houngbo 2 et le pourquoi de la disparition du ministère de mines et de l’énergie dans le gouvernement Ahumey-Zunu.

Faure Gnassingbé pour multiplier ses ministères, fait des découpages et ramifications spectaculaires:

a-      On détache un département (ou plutôt un mot du titre) du ministère X et du ministère Y et on en fait le ministère Z.

b-      On détache deux mots du titre du ministère A pour en faire des ministères B  et C

c-      On crée des ministères délégués auprès du président de la république, d’autres auprès du premier ministre et d’autres encore auprès d’autres ministres.

Et pour éviter que les nouveaux titres ne soient trop courts (car la longueur du titre fait le poids du ministère dans le régime Gnassional)  et éviter également d’attirer l’attention des prédateurs de l’opposition, on invente purement et simplement un ou deux mots que l’on rattache aux nouveaux ministères.   Et ABRACADABRA: le tour est joué.

Comme exemple, nous avons ces ministères de Mally qui sont devenus ce qui suivra sous Houngbo et Ahumey-Zunu:

1-       Le ministère de l’environnement, du tourisme des ressources forestières, devenu:

a-      Ministère de l’environnement et des ressources forestières

b-      Ministère  du tourisme

 

2-      Le ministère des travaux publics,  des transports, de l’urbanisme et de l’habitat, devenu:

a-      Ministère des travaux publics

b-      Ministères des transports

c-      Ministère de l’urbanisme et de l’habitat

 

3-      Le ministère de la communication, de la culture et de la formation civique, devenu:

a-      Ministère de la communication

b-      Ministère des «Arts» et de la culture (Arts, nouveau mot)

 

4-      Ministère des mines de l’énergie, de l’eau, devenu

a-      Ministère des Mines et de L’énergie

b-      Ministère de l’eau  et de l’hydraulique villageoise (Poste crée subitement en Mai 2009 après l’arrestation de Kpatcha Gnassingbé en Avril 2009 pour se débarrasser du Général Zakari Nandja qui, en tant que chef d’état-major, en vertu des pouvoir qui lui furent conférés par Feu Eyadema a déclaré  en 2005, Faure Gnassingbé président de la République du Togo).

 

5-      Ministère du commerce, de l’industrie, de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises, devenu:

a-      Ministère du commerce et de la promotion du secteur privé (occupé par l’AGO  Koukou Gozan qui fut viré et remplacé  par l’actuel premier ministre Ahumey-Zunu)

b-      Ministère de l’Industrie

c-      Ministère du Développement à la base, de l’artisanat, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes.

 

6-      Ministère de la jeunesse des loisirs et des sports, devenu:

a-Ministère des loisirs et des sports

b-La jeunesse est rattaché a l’artisanat pour former le « c » du point précédant

 

7-      Ministère des enseignements primaire et secondaire, de l'enseignement technique et de la formation professionnelle et de l'alphabétisation, devenu:  

a-      Ministère des enseignements primaire et secondaire

b-      Ministère de l'enseignement technique et de la formation professionnelle et de l'alphabétisation

 

 

Outre ces nouveaux ministères apparus pour élargir la mangeoire, l’on peut également compter les ministères délégués auprès du président à savoir celui du développement à la base devenu un ministère plein après qu’on eu prit le soin d’y ajouter les mots ‘’artisanat, jeunesse’’ et l’emploi des jeunes).  L’on ne peut non plus ignorer le ministère délégué auprès d’un autre ministère  à savoir celui délégué auprès du ministère de l’agriculture, de l’élevage et   de la pèche chargé des infrastructures rurales. Que des ritournelles absurdes !

Par ailleurs, des ministères tel que celui de l’équipement et celui des mines et de l’énergie ont purement et simplement disparus sans aucune explication. Ainsi, personne n’aura à rendre compte de la gestion des ressources minières du Togo qui est un gros exportateur d’or sans en être officiellement un producteur ainsi que de l’acquisition des équipements pour  lesquels chaque ministre reçoit un chèque juteux de 20 million de FCFA à chaque remaniement. Quand au ministère de la défense,  Faure Gnassingbé en assume la charge depuis le prétendu coup d’état raté  de son demi-frère bagnard, Kpatcha Gnassingbe.  Et pourtant, le budget du ministère de la défense est l’un des plus colossaux si non le plus colossal au sein  du gouvernement togolais.

Le plus outrageux dans cette histoire est le silence d’une assemblée nationale qui ne demande jamais de comptes au président de la République pour ces nominations insensées car, comme le disait si bien le brillant président de l’Assemblée nationale qui fait partie des quelques rares togolais à avoir obtenu le Brevet d’Etude du Premier Cycle (BEPC) après sa huitième tentative: «au Togo, on a trois pouvoirs qui sont indépendants l’un de l’autre et le législatif n’est pas tenu de savoir que ce l’exécutif fait (..) ». L’on peut donc voir que la compréhension que M. Abass Bonfoh a eue de l’indépendance des pouvoirs républicains justifie son brillantissime intellectuel.

Ainsi va le Togo, dirigé par des mafieux,  des inconscients, des incompétents et des  criminels dont le cerveau se trouve malheureusement dans leur ventre. Au Togo, l’on ne crée par des ministères pour  satisfaire les demandes des populations mais plutôt celle des complices, des serviteurs et des courtisanes. On en crée également pour se débarrasser des militaires à qui l’on ne souhaite plus confier des tâches militaires directes. Et sans aucune description de ces ministères donné au peuple, ni de bilan mis a sa disposition, Faure Gnassingbé le président magicien joue avec la destinée de toute une nation. 

Farida Nabourema

Tag(s) : #Togo
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